
Nicolas Desmoitier
30.07.2025
Adopter une stratégie durable est devenu un élément essentiel pour la compétitivité
Dans un monde où les défis environnementaux, sociaux et de gouvernance s’accélèrent, les stratégies de durabilité des entreprises sont incontournables. Elles représentent la garantie de devenir résilientes. En intégrant ces problématiques dans leur modèle d'affaires, les sociétés peuvent non seulement atténuer leurs risques mais surtout saisir de nouvelles opportunités de croissance dans une économie bas carbone compatible avec les limites planétaires. Ainsi, elles travaillent sur leurs impacts positifs sur la société et l’environnement pour projeter leur activité à long terme.
A mesure que les Etats s’écartent de l’objectif fixé par l’Accord de Paris - avec une hausse tendancielle des températures à +2.8°C d’ici 2100 - les menaces pesant sur les entreprises gagnent en fréquence et en intensité. Et la pression sur les épaules des dirigeants pour décider de mesures d’adaptation ne fait qu’augmenter.
Le Boston Consulting Group (BCG) l’a rappelé récemment en introduction de son rapport publié en mars 2025 sur l’adaptation et la résilience des entreprises au changement climatique, en reprenant à son compte des conclusions récentes de l'ONU.
Les dirigeants l’ont bien compris : la durabilité continue d’être l’une des « top priorités » des plus grandes entreprises, comme le révèle une étude récente du Capgemini Research Institute datée du mois de mars 2025. Une large majorité des cadres dirigeants de sociétés mondiales (réalisant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires) décident de poursuivre leurs investissements en la matière en 2025 et en 2026 (à 82 % et 98 %, respectivement) pour réduire leurs coûts, augmenter leurs ventes et être plus innovantes.
Dans son rapport, le BCG alerte sur leurs conséquences qui pèsent sur la marge et le bilan des entreprises du fait de risques climatiques ou physiques.
Ces risques diminuent le chiffre d’affaires (dans 40 % des cas) et endommagent les actifs de l’entreprise (dans 20 à 25 % des cas).
En les identifiant, les dirigeants peuvent alors éviter ces conséquences dommageables pour l’activité économique de leur société.
« Pour Coopérative U, anticiper les risques et opportunités liées au changement climatique est un enjeu bien réel, tant en termes d'approvisionnement, d'investissements que de responsabilité. Mesure et pilotage de l'empreinte carbone de notre chaîne de valeur, sensibilisation et formation des collaborateurs, accompagnement par des experts climat, stratégiepour accompagner nos fournisseurs, réflexions sur l'offre : vu les impacts potentiels, Coopérative U met les moyens pour intégrer ces enjeux dans la construction de sa stratégie globale pour 2030 », Sylvie Vaissaire, directrice Qualité et Durabilité Coopérative U.
Investir en matière de durabilité sur 5 ans permet aussi de réduire les coûts opérationnels internes ou a minima de les contrôler.
C’est le sentiment partagé par deux tiers (78%) des dirigeants du monde entier selon une étude publiée au mois de janvier 2025 par le cabinet PWC. Les cadres dirigeants interrogés par Capgemini mentionnent également des baissent de coûts de l’ordre de 10 à 20% (sur les déchets, la consommation d’énergie ou d’eau, liés aux chaînes d’approvisionnement, etc.), ce qui ne représente qu’un quart du potentiel global de réduction estimé. Autrement dit, développer une stratégie de durabilité assure des gains opérationnels.
Et ce n’est pas tout : « 33 % des dirigeants considèrent que les investissements engagés entraînent une augmentation des revenus des ventes des produits ou des services » qu’ils délivrent, révèle PWC.
« Miser sur une stratégie de durabilité ambitieuse nous fait gagner plus d’appels d’offres, car le reporting RSE est devenu un critère majeur de décision pour nos prospects », Sophie Morel, secrétaire générale du groupe industriel SFPI.
L’augmentation des ventes est d’ailleurs le principal moteur des investissements réalisés dans la durabilité selon la vaste majorité des cadres dirigeants ayant répondu à l’enquête de Capgemini (à 82%). Ainsi, en développant une activité économique adaptée aux enjeux de durabilité, les entreprises peuvent innover, conquérir de nouveaux marchés, répondre à la demande croissante des consommateurs et renforcer leur compétitivité.
Le système bancaire européen - et donc la capacité des banques à délivrer des prêts aux entreprises- dépend également de la préservation du climat et de la nature.
La Banque centrale européenne l’a calculé dans une étude rendue publique récemment[4] : « environ 75 % de tous les prêts aux entreprises de la zone euro sont accordés à des sociétés non financières qui dépendent de manière critique d'au moins un service écosystémique[5]. Les portefeuilles de prêts pourraient être considérablement affectés si la dégradation de l'environnement continue de suivre les tendances actuelles ». Ces services rendus par la nature à l’économie comprennent des « fonctions cruciales telles que la pollinisation, la filtration de l’air et de l’eau, la capture du carbone et la fourniture de récoltes, de bois et d’autres ressources », détaille, à titre d’exemple, la Banque centrale européenne.
Pour les entreprises, les impacts sont déjà bien réels.
« L’accès à des investisseurs et partenaires bancaires est de plus en plus corrélé aux ambitions des trajectoires bas-carbone des entreprises et aux réductions d’émissions de gaz à effet de serre déjà constatées », Isabelle Follenfant, directrice de l’engagement Mission - RSE au sein du collectif d’industriel Rivalen.
Les entreprises engagées en matière de durabilité renforcent aussi leur image de marque, leur réputation, et attirent les meilleurs talents. Si l’entreprise n’est pas engagée en matière de RSE, un peu plus d’un tiers des talents déclinerait une offre d’emploi. Ce chiffre ressort de l’index RSE réalisé par Universum[6], un groupe européen qui édite chaque année un classement des entreprises les plus attractives pour les étudiants et les professionnels. Et cette donnée chiffrée suit une tendance haussière (+12%par rapport à l’index 2022).
« Toutes les actions RSE de Mondial Relay participent à construire une marque forte, reconnue aujourd’hui par 90 % des consommateurs. Mais au-delà de la notoriété, c’est la confiance que nous cultivons qui importe, en incarnant concrètement nos valeurs. Cet engagement est devenu un véritable moteur d’attractivité : il fédère en interne, attire les talents et crée du lien durable avec celles et ceux qui nous choisissent. » Christophe Cauvin, Responsable RSE Mondial Relay
Enfin, agir de manière durable et éthique peut également réduire le risque de controverse et de sanction réglementaire, ce qui a un impact direct sur la stabilité financière de l'entreprise. Plus d'une organisation sur quatre déclare avoir déjà rencontré des difficultés réglementaires en raison de son inaction en matière de durabilité, révèle l’étude de Capgemni.
En conclusion, les stratégies ESG ne sont plus un choix mais une nécessité pour les entreprises souhaitant assurer leur résilience et leur compétitivité à long terme. « A court terme, c’est un marché pour les entreprises «apporteuses de solutions» capables d’aider les acteurs publics comme privés à renforcer leur résilience. A plus long terme, c’est une piste pour toutes les sociétés capables de renforcer leur positionnement en intégrant, dans leur stratégie, l’évolution des comportements des consommateurs, la disponibilité des ressources ou l’accès à certains territoires », analyse le BCG.
Depuis 2012, Toovalu accompagne les entreprises de toutes tailles et tous secteurs sur leurs stratégies RSE. Grâce à son logiciel RSE, ses formations et son service de conseil par consultants experts, Toovalu les aide à bâtir un business model robuste et résilient pour le monde de demain.