
Caroline Bordeaux
03.09.2025
Construire une stratégie RSE agile et multi-référentielle
À l’heure où le cadre réglementaire post-Omnibus redessine les exigences de transparence et de conformité, et où l’ESG fait l’objet de critiques croissantes, les entreprises doivent renforcer la robustesse et la crédibilité de leur stratégie RSE. La préparation à la CSRD, en s’appuyant notamment sur l’analyse de double matérialité, est bien plus qu'un exercice déclaratif : elle constitue un véritable outil de pilotage stratégique.
Dans le cadre de la préparation à la CSRD, vous avez peut-être engagé une analyse des impacts, risques et opportunités. Cette démarche permet aux entreprises d’évaluer l’impact de leurs activités et de celle de leur chaîne de valeur sur l’environnement et la société ainsi que les effets des enjeux RSE sur leur performance financière. Il s’agit d’un exercice très utile dont les enseignements doivent alimenter la stratégie RSE (et pas seulement les informations à fournir au sein du rapport de durabilité).
L’analyse de double matérialité permet d’identifier et hiérarchiser les enjeux RSE pertinents pour l’entreprise (sa performance financière et extra-financière). Les ESRS fournissent une liste exhaustive d’enjeux RSE de référence (qui se basent sur plusieurs normes et standards internationaux). En s’interrogeant sur cette liste, les entreprises sont invitées à élargir leur analyse sur les différentes thématiques environnementales, sociales et sociétales pour définir de façon objective les enjeux RSE matériels liés à leur activité.
De cette manière, les responsables RSE peuvent définir une stratégie RSE robuste pour leur entreprise et en phase avec l’activité économique de leur secteur.
L’analyse de double matérialité pousse également les entreprises à rapprocher la RSE de l’analyse des risques et opportunités (IRO de la CSRD), renforçant ainsi la stratégie globale d’une organisation. En effet, la CSRD via l’analyse de double matérialité fait la part belle à la mesure et la formalisation des risques liés aux enjeux de durabilité (et cela sur la chaîne de valeur), ainsi que les opportunités business amenées par ces derniers.
Un des autres enseignements sur lesquels capitaliser, à la suite d’une analyse de double matérialité, se trouve dans les conclusions obtenues à la suite de la consultation des parties prenantes internes et externes. En venant interroger les clients, les fournisseurs, les partenaires, les associations et les salariés de l’entreprise, l’exercice permet de recueillir une mine d’information au profit de l’entreprise. Cette matière pourra venir alimenter/réorienter la stratégie RSE et business de l’entreprise, et notamment :
Enfin, ne pas négliger les bénéfices “humains” et “relationnels” qui découlent d’une analyse de double matérialité. C’est souvent l’occasion d’inscrire des équipes variées dans une logique de co-construction : juridique, risques, stratégie et finance ont travaillé conjointement avec l’équipe RSE pour faire ensemble des choix sur les enjeux RSE de la société, la cotation des impacts, des risques et des opportunités et parfois même sur l’élaboration du rapport. Ce rapprochement entre les services est salutaire pour renforcer la pertinence et la robustesse d’une stratégie RSE, qui doit être intégrée et partagée par l’ensemble des salariés d’une entreprise.
Face à l’évolution rapide du cadre réglementaire et aux attentes multiples des parties prenantes, la construction d’une stratégie RSE agile et multi-référentielle constitue un levier essentiel pour transformer la contrainte en avantage compétitif. L’analyse de double matérialité fournit une base solide pour hiérarchiser les enjeux, rapprocher la RSE des logiques de risques et de performance, et renforcer l’alignement entre directions. Cette approche intégrée permet non seulement de répondre aux obligations de la CSRD, mais aussi de bâtir une stratégie durable et crédible.