Découvrez comment les comprendre, les évaluer et les acheter de manière responsable.

Pourquoi et comment acheter des crédits carbone ? Comment les prix sont-ils fixés ? Et surtout, quelles sont les conséquences de cette initiative sur l’environnement ? L’usage des crédits carbone est-il une pratique à intégrer sa stratégie climat d’entreprise ? Éléments de réponse par les consultants carbone Toovalu.
Les crédits carbone ont été mis en place à l’issue du protocole de Kyoto en 1997, le premier accord international où 192 pays se sont engagés pour réduire leurs émissions de carbone.
Un crédit carbone est une unité de compensation carbone certifiée. Chaque crédit représente 1 tonne de CO₂ réduite, évitée ou séquestrée dans le cadre d’un projet carbone validé selon des méthodologies reconnues (reforestation, production d’énergies renouvelables, efficacité énergétique, etc.).
Ces crédits sont ensuite achetés, vendus et échangés sur des marchés volontaires ou réglementés pour compenser les émissions de CO₂ des entreprises ou institutions. Il ne s’agit donc pas d’un outil de mesure des émissions d’un pays ni d’une donnée nationale, mais d’un mécanisme permettant de compenser ses propres émissions via des projets certifiés.
À l’issue de l’accord de Kyoto, les pays signataires se voient attribuer des quotas carbone : une quantité d’émission annuelle qu’ils sont autorisés à dépenser. L’objectif ? Encourager les investissements bas carbone et s’orienter progressivement vers la neutralité carbone collective.
Seulement, les quotas fixés ne sont pas parfaitement alignés avec la réalité du pays. Certains émettent beaucoup moins que la quantité autorisée, là où d’autres dépassent largement leurs quotas d’émission. Résultat : les plus gros émetteurs souhaitent compenser ce surplus en investissant dans des crédits carbone.
Les quotas carbone sont principalement destinés aux pays et aux systèmes réglementaires. Chaque État reçoit une allocation annuelle maximale d’émissions (ou quotas) dans le cadre de mécanismes comme le Système d’échange de quotas d’émission (EU ETS) en Europe.
L’objectif est de limiter les émissions nationales : si un pays ou une entreprise dépasse son quota, il doit réduire ses émissions ou acheter des quotas supplémentaires auprès d’autres acteurs réglementés. Contrairement aux crédits carbone, les quotas ne financent pas directement des projets de réduction de CO₂, mais définissent un plafond d’émissions pour encourager la transition vers des activités moins carbonées.
Les crédits carbone s’adressent principalement aux entreprises et, dans une moindre mesure, aux particuliers. Chaque crédit représente 1 tonne de CO₂ évitée, réduite ou séquestrée grâce à un projet certifié (reforestation, énergie renouvelable, efficacité énergétique, etc.).
Les entreprises achètent ces crédits sur le marché volontaire pour compenser une partie de leurs émissions GES résiduelles, atteindre leurs objectifs de neutralité carbone et soutenir des initiatives concrètes de réduction des gaz à effet de serre.
À la différence des quotas, les crédits carbone ne sont pas utilisés par les pays pour leurs engagements climatiques nationaux. Ils constituent un instrument financier et opérationnel pour les organisations privées qui souhaitent agir au-delà des obligations réglementaires.

Sur le marché des crédits carbone, on distingue 2 types de crédits : les crédits obligatoires et les crédits volontaires.
Dans les marchés carbone réglementés, comme ceux issus du Protocole de Kyoto, les États industrialisés recevaient des quotas d’émissions (AAU), correspondant à une quantité maximale de CO₂ qu’ils pouvaient émettre.
Pour atteindre leurs objectifs, ces pays pouvaient :
Ces mécanismes ne constituaient pas un « marché du crédit carbone obligatoire » au sens strict, mais plutôt un système de quotas nationaux complété par des crédits de projets.
Ces dispositifs n’ont pas transformé les modèles industriels nationaux et concernaient un nombre limité de pays. Ils ont d’ailleurs été critiqués pour leur efficacité limitée. Aujourd’hui, l’Accord de Paris a remplacé le Protocole de Kyoto, avec une logique entièrement différente, basée sur les contributions déterminées au niveau national (NDC).
À la différence des systèmes réglementaires, le marché volontaire s’adresse principalement aux entreprises (et dans une moindre mesure aux particuliers) qui souhaitent compenser leurs émissions résiduelles ou atteindre la neutralité carbone.
Plusieurs étapes à suivre avant tout projet de compensation :
À noter : la compensation carbone via l’achat de crédits ne fait pas partie du calcul du bilan GES ni de la stratégie globale de décarbonation d’une entreprise. Il s’agit d’un mécanisme optionnel, destiné à compléter une démarche climatique préexistante et ambitieuse, et non de remplacer les actions directes de réduction des émissions.
Les crédits carbone permettent de financer 2 types de projet :
Les entreprises choisissent souvent des projets en cohérence avec leur secteur d’activité, et avec un véritable impact environnemental, mesurable sur le temps long. Les critères des projets doivent répondre aux conditions imposées par les labels et organismes certifiés qui délivrent les crédits carbone.

Visionner le replay du webinaire Trajectoire bas carbone des entreprises : les crédits carbone sont-ils une solution ?” avec des experts du sujet :
Les crédits carbone sont alloués par des organismes certifiés comme le Label Bas Carbone ou le Label Gold Standard par exemple. Actuellement, la plupart d’entre eux sont toujours détenus et délivrés par le MDP (Mécanisme pour un Développement Propre), donc par le gouvernement.
Les critères pour juger de la qualité des crédits carbone
Pour savoir si un projet mérite qu’on lui alloue des crédits carbone, les organismes sont attentifs à 5 critères :
C’est un principe fondamental pour comprendre le conditionnement des crédits carbone. Par exemple, l’Allemagne a investi massivement en Inde pour accompagner les industriels à se débarrasser du charbon… Problème : le projet allait de toute façon être mené à bien par le pays pour des motifs économiques. L’Allemagne demande aujourd’hui une compensation sous la forme de crédits carbone mais le critère d’additionnalité n’est pas rempli.
Sans surprise, les pays et entreprises les plus concernés par le marché carbone sont les plus gros émetteurs de carbone. La Chine et les États-Unis ont d’ailleurs fait pression pour assouplir les conditions d’allocation des crédits carbone.
Ces dernières années, une nouvelle tendance se dessine. Les grandes entreprises qui régissent le commerce international (Google, Total Energies, Amazon) détiennent de plus en plus des crédits carbone grâce au mécanisme de compensation volontaire. Certaines font alors la promotion d'un modèle "neutre en carbone". Pourtant, il y a une distinction claire entre les émissions GES d'une entreprise (liées à son modèle), et la compensation éventuelle qu'elle peut faire de ces émissions.
Le prix d’un crédit carbone dépend du type de marché et du mécanisme concerné.
Dans les systèmes de quotas comme le marché européen EU ETS, les grandes entreprises concernées (environ 11 000 dans l’industrie, les secteurs énergétique, l’aviation et le maritime) achètent ou reçoivent des droits à émettre (quotas), et non des crédits carbone. Le prix de ces quotas fluctue selon l’offre et la demande sur le marché ETS, les politiques climatiques et les conditions économiques. Par exemple, en 2025, le prix moyen d’un quota ETS en Europe est d’environ 90 €/tCO₂.
Sur le marché volontaire, les entreprises et certains particuliers achètent des crédits carbone issus de projets certifiés (reforestation, énergie renouvelable, etc.) pour compenser une partie de leurs émissions résiduelles. Le prix est fixé par le label et le type de projet. Il peut varier de quelques euros à plusieurs dizaines ou centaines d’euros par tonne de CO₂ compensée, selon la qualité, l’additionnalité et l’impact environnemental du projet.
À noter : ces crédits sont optionnels et ne remplacent pas les actions directes de réduction des émissions d’une entreprise. Ils servent uniquement à compenser une part des émissions résiduelles après la mise en place d’une stratégie climat ambitieuse.
Pour obtenir des crédits carbone, voici les quelques étapes clés qu’une entreprise doit suivre :
A savoir que les particuliers peuvent aussi investir dans ces projets de réduction ou de séquestration carbone.
Si les crédits carbone semblent avoir permis aux entreprises de prendre conscience de leur impact environnemental, les effets concrets sont pour l’instant difficiles à apprécier. Plusieurs raisons à cela :
“Les crédits carbone sont une initiative assez récente. On est sur un marché qui a moins de 20 ans et qui est encore difficile à évaluer. On essaie aussi de mesurer des choses très difficiles à appréhender : quelle est la valeur de référence d’une forêt par exemple ? Il y a eu un vrai engouement au début sur les crédits carbone et ils sont maintenant pointés du doigt. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas parfait qu’il ne faut pas le faire. Il faut le faire en parallèle d’une vraie démarche de réduction.” Maria Outters, administratrice indépendante de société, webinaire “Trajectoire bas carbone des entreprises : les crédits carbone sont-ils une solution ?”
Nous assistons à une phase de maturation rapide du marché des crédits carbone. Après les turbulences de l'adolescence – scandales, crédits fantômes, greenwashing – le marché entre dans une phase plus adulte, caractérisée par :
Cette maturation ne signifie pas que tous les problèmes sont résolus, mais que les outils existent désormais pour distinguer les projets sérieux des projets douteux.
Plusieurs développements prometteurs se profilent :
Ils peuvent devenir un outil majeur de la transition agricole vers des pratiques régénératives, avec des méthodologies de mesure désormais robustes. La France dispose d'une expertise reconnue dans ce domaine avec le Label Bas Carbone.
Il s'agit notamment des mangroves et des algues, qui offrent des capacités de séquestration exceptionnelles et des co-bénéfices multiples. Les mangroves captent quatre fois plus de carbone que les forêts terrestres (qui ont jusqu'ici représenté près de 95% des projets liés aux crédits carbone), tout en protégeant les côtes et en soutenant la biodiversité marine. Les algues, quant à elles, constituent « un monde en soi extraordinaire » avec des applications multiples.
Elles permettent capture et stockage du CO2. Bien que coûteuses et encore immatures, elles progressent rapidement et pourraient jouer un rôle croissant pour les industries lourdes. L'intelligence artificielle permet notamment d'utiliser plus intelligemment les données et de faire des recoupements qui éviteront probablement un certain nombre de fraudes.
Elle se matérialise par l'émergence de certificats biodiversité et une prise en compte plus globale des impacts environnementaux et sociaux. Après le SBTi (Science Based Targetsinitiative), le SBTi N (for Nature) commence à se développer, élargissant la prise en compte du carbone aux autres co-bénéfices.
Les entreprises et dirigeants doivent s’inscrire dans une démarche collective de réduction des émissions carbone, en misant bien plus sur leurs stratégie de décarbonation que sur la compensation et l'achat de crédits carbone.
Les crédits carbone permettraient d’équilibrer l’émission carbone sur la scène internationale en finançant des projets de réduction d’émission ou de séquestration carbone.
Les entreprises et grands marchés émetteurs se reposent aujourd'hui trop sur ce mécanisme de compensation pour promouvoir un modèle de production “vert”, sans repenser leurs processus de production en profondeur. Le système des crédits carbone est donc prometteur, mais encore perfectible.
Aujourd'hui mieux régulé et plus mature, il semble aller dans le bon sens. On observe par exemple une tendance des entreprises à acheter des crédits "premium" et à vocation multiple, en recherchant ces co-bénéfices.
Il sert principalement à financer des projets de réduction ou de séquestration des émissions et à compenser une partie résiduelle des émissions d’une organisation, en complément d’une démarche de réduction interne.
Le marché obligatoire (ou réglementé) repose sur des systèmes de quotas d’émission imposés par les pouvoirs publics, comme le SEQE-UE pour certaines industries européennes.
Le marché volontaire, quant à lui, permet aux entreprises, collectivités ou particuliers d’acheter des crédits carbone de manière volontaire pour compenser des émissions qu’ils ne peuvent pas encore réduire
Le prix d’un crédit carbone varie fortement selon le marché et le type de projet.
Sur le marché réglementé, le prix de la tonne de CO₂ dépend des quotas et peut fluctuer fortement. Sur le marché volontaire, les prix vont de quelques euros à plusieurs dizaines, voire centaines d’euros par tonne, selon la qualité du projet, sa localisation, sa certification et ses co-bénéfices environnementaux ou sociaux.
Les crédits carbone s’adressent principalement aux entreprises, institutions financières, collectivités et organisations qui souhaitent agir sur leur empreinte carbone. Ils sont destinés à couvrir les émissions résiduelles, après la mise en œuvre d’actions de réduction, dans le cadre d’une stratégie climat plus globale.
Aujourd’hui, les référentiels de référence (ADEME, SBTi, Net Zero Initiative) recommandent une grande prudence sur l’usage du terme “neutralité carbone”.
Une entreprise ne peut pas se déclarer neutre uniquement en compensant ses émissions : elle doit d’abord réduire massivement ses émissions sur l’ensemble de ses scopes, puis utiliser les crédits carbone uniquement pour compenser une part résiduelle, avec une communication transparente et encadrée.
Les crédits carbone peuvent être utiles, mais ils ne constituent pas une solution suffisante à eux seuls.
Ils doivent être considérés comme un outil complémentaire, permettant de financer des projets climatiques, mais jamais comme un substitut à la réduction directe des émissions, à la transformation des modèles économiques et à la mise en place de trajectoires de décarbonation crédibles.
Investir dans des quotas carbone (EU ETS) et investir dans des crédits carbone volontaires sont deux logiques très différentes, donc ni l’un ni l’autre n’est automatiquement « plus vertueux » ou « plus rentable ». La rentabilité n’est pas une dimension intrinsèque des quotas carbone ou des crédits carbone, et dépend des projets financés.
Les quotas (EU ETS) ont un impact systémique : acheter un quota et le retirer du marché réduit directement le plafond d’émissions autorisées pour les industries européennes. C’est un mécanisme régulé et difficile à critiquer, mais dépendant du marché de l’énergie et des politiques climatiques.
Les crédits volontaires financent des projets concrets (nature, agriculture, énergie propre) avec souvent des co-bénéfices, mais leur qualité peut varier.
La CSRD n’interdit pas l’utilisation des crédits carbone, mais elle impose une transparence renforcée sur leur usage. Les entreprises doivent distinguer clairement leurs émissions réelles (scopes 1, 2 et 3), leurs actions de réduction internes, et le recours éventuel à des crédits carbone pour compenser des émissions résiduelles. Les normes ESRS, en particulier ESRS E1, exigent également de décrire la stratégie climat, les limites de la compensation et la cohérence avec une trajectoire de décarbonation crédible, ce qui empêche toute assimilation abusive entre compensation et réduction effective des émissions.
Le marché représenté environ 2 milliards de dollars en 2023.
Cela dit, si le système fonctionne comme prévu, il pourrait transformer radicalement l'échelle du marché des crédits carbone.
Les estimations les plus sérieuses évoquent un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars par an d'ici 2030.
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