Quelles sont les principales évolutions proposées pour le Net Zero Standard ?

L’évolution du standard Net Zero de SBTi est en cours.

Dans cet article, les docteurs climats et chercheurs Toovalu spécialisés dans les stratégies bas-carbone des entreprises vous aident à décrypter les changements majeurs proposés.

3 grandes évolutions du Net Zero Standard

SBTi propose 3 grands types d’évolutions pour le Net Zero Standard.

1)       Des changements de philosophie, de la définition d'objectifs auparavant au suivi du progrès et de l'action maintenant ;

2)       Des mises à jour de la méthodologie actuelle

3)       Des ajouts de nouveautés, manquantes auparavant

 Découvrez pourquoi SBTi revoit son Net Zero standard dans cet article.

Changements de paradigme

Avec cette nouvelle version du standard, SBTi souhaite favoriser les réelles démarches de progrès des entreprises, plutôt que de favoriser l’engagement de celles-ci.  

‍

Elargissement du périmètre du standard SBTi

SBTi propose un élargissement du périmètre du standard.

Jusqu’alors focalisé sur la fixation d’objectifs de réduction des émissions GES, celui-ci couvrirait l’ensemble du plan de transition des entreprises :

• Evaluation de la performance de l'année de référence
• Fixation d'objectifs
• Mise en œuvre de ceux-ci
• Évaluation et communication des progrès réalisés
• Revendications vis-à-vis des émissions résiduelles.

Le périmètre est donc plus large. Les évolutions proposées se concentrent sur l’amélioration et le reporting des progrès réalisés.

Nouveau modèle de validation de la trajectoire SBTi

Avec cette nouvelle version du Net Zero Standard, SBTi entend mettre l'accent sur l'évaluation des progrès et la fixation de nouveaux objectifs, pour viser une amélioration continue de la démarche.

Un nouveau modèle de validation de la soumission de la trajectoire SBTi est donc proposé.

Ce modèle guide les entreprises dans la fixation d'objectifs scientifiques, comme auparavant, mais aussi dans l'évaluation et la communication des progrès à la fin de leur cycle d'objectifs. Il aide aussi les entreprises dans l'établissement de nouveaux objectifs pour le cycle suivant.

La nouvelle version du standard inclut aussi une évaluation ex-ante de l'ambition des objectifs et une évaluation ex-post des progrès, ainsi qu'un processus pour fixer de nouveaux objectifs.

Cette nouveauté s’explique notamment par l’évolution de la méthodologie SBT, qui date maintenant d'une dizaine d'années, et qui doit donc évoluer avec les premières entreprises ayant soumis leurs objectifs, en 2015. Matures, celles-ci sont maintenant dans une phase très différente de leur stratégie bas-carbone, et le standard actuel ne permet plus de les accompagner de manière efficace.

Modification de l'ambition des objectifs SBTi

SBTi souhaite évaluer l’ambition des objectifs fixés par les entreprises de manière plus nuancée, en mettant en avant les progrès qu’elles ont déjà réalisés. 

Dans la proposition actuelle de SBTi, la performance actuelle de l’entreprise en matière de décarbonation est comparée avec la performance passée. Cette comparaison se base sur des points de repère descendants, déterminés par des trajectoires et des méthodes scientifiques. Cela permet de tenir compte des efforts de décarbonation déjà réalisés par les entreprises, et plus seulement d’un bilan carbone sur une année de référence.

Evaluation et communication des progrès en matière de réduction des émissions GES

L'introduction d'un chapitre entier dédié à l'évaluation et à la communication des progrès représente un changement majeur. Alors que les versions précédentes se concentraient fortement sur la fixation des objectifs, selon les différentes méthodes existantes, la version 2.0 met l'accent sur le suivi de la mise en œuvre des actions de réduction, l'évaluation des performances à la fin du cycle des objectifs, et la nécessité de fixer de nouveaux objectifs en tenant compte des performances passées. La validation de renouvellement est une nouvelle étape clé pour assurer une amélioration continue, et celle-ci n'est donc plus seulement lors de la soumissions initiale seulement sur un objectif.

Mise à jour des données et des méthodes pour la trajectoire SBTi

Avec l’évolution de la science autour du climat, SBTi souhaite adapter le Net Zero standard aux dernières connaissances scientifiques.

Mise à jour des trajectoires d'émissions de référence

Les trajectoires de réduction des émissions sont désormais dérivées des trajectoires du GIEC AR6 (paru en 2023) au lieu de l'AR5 (paru en 2014), alignant le standard sur les dernières données scientifiques.

Renforcement de la traçabilité des données d'émissions

Cette nouvelle version met un point d'attention significatif sur l'amélioration de la qualité et de la traçabilité des données d'émissions de GES au fil du temps. L'obligation pour les entreprises de catégorie A (voire catégorisation ci-dessous) de réaliser une évaluation de la traçabilité et d'élaborer un plan pour l'améliorer devrait permettre de renforcer la crédibilité des données utilisées.

‍

Amélioration du glossaire SBTi

Le glossaire du Net Zero Standard contient une liste de termes clés. Celle-ci a été mise à jour et contient de nouveaux termes. Cela reflète une volonté d'apporter plus de clarté et de précision au langage utilisé dans le standard. L'introduction notamment de concepts comme "l'atténuation directe" et "l’atténuation indirecte" des émissions de GES est significative.

Toovalu accompagne des entreprises de toutes tailles et tous secteurs dans la définition de leur stratégie bas-carbone, alignée sur une trajectoire SBTi. Découvrez notre accompagnement en prenant rendez-vous avec un expert climat.

‍

Précisions sur le contenu des plans de transition

L’obligation de publier un plan de transition était déjà mentionnée dans la précédente version du standard. Mais cette obligation devient réellement effective avec la nouvelle version, qui précise les contenus des plans de transition. Ainsi, ceux-ci doivent si possible être basés sur des cadres de référence, comme le Transition Planning Taskforce Disclosure Framework, qui fournit des orientations bien spécifiques.

Cela augmente donc la crédibilité de l'initiative de SBTi, qui ne parle plus seulement d'objectifs de réduction mais de plans de transition complets.

Méthodologie d'objectifs de décarbonation sur le scope 2

Les objectifs énergétiques des entreprises sur le scope 2 évoluent, imposant l’utilisation de deux méthodes : en location-based et en market-based. 

L’objectif : avoir une influence plus générale sur la production énergétique, avec des obligations de financement de sources dites "net-zéro".

Nouveautés méthodologiques pour le Net Zero Standard

Des nouveautés méthodologiques importantes sont introduites dans cette nouvelle version du Net Zero Standard.  

Création de différentes catégories d’entreprises

Alors que la version actuelle du Net Zero Standard s’applique de manière identique pour toutes les entreprises, la nouvelle version introduit des exigences plus adaptées aux entreprises en fonction de leur taille et de leur situation géographique.

Ainsi, 2 catégories sont proposées.

• Les entreprises de catégorie A (grandes et moyennes entreprises opérant dans des zones géographiques à revenu élevé)
• Les entreprises de catégorie B (petites et moyennes entreprises ou opérant dans des zones géographiques à faible revenu).

La 2^ème catégorie bénéficie d'une flexibilité accrue, certaines exigences du standard SBTi étant optionnelles pour ces entreprises.

Obligation de s’engager publiquement à atteindre le net-zero

Le processus d'engagement des entreprises, qui va de paire avec la définition de la trajectoire SBTi, est rendu plus robuste avec cette nouvelle version du standard.

En effet, la lettre d'engagement actuelle est remplacée par un processus précis, exigeant que les entreprises déclarent publiquement leur intention d'atteindre le net-zéro d'ici 2050 et fixent des objectifs scientifiques alignés sur cette ambition dans des délais spécifiés.

Avec le nouveau Net Zero standard, les entreprises ont aussi l’obligation de publier des plans de transition climatique dans les 12 mois suivant la validation de leurs objectifs.

Obligation d’audit des émissions GES de l’année de référence

Avec le nouveau standard, les entreprises de Catégorie A sont obligées de faire auditer par un organisme indépendant leur inventaire des émissions de gaz à effet de serre de l'année de référence. 

Cela va dans le sens de d’une plus grande rigueur scientifique, la trajectoire SBTi devant être corrélée à une mesure précise des émissions GES puis des objectifs quantitatifs de réduction des émissions de GES.

Nouvelles propositions du SBTi pour traiter les émissions résiduelles    

La gestion des émissions résiduelles ou incompressibles était déjà mentionnée dans le Net Zero Standard actuel.

Dans cette nouvelle version, 3 options sont proposées pour intégrer la suppression des émissions résiduelles de manière proactive pendant la transition vers le net-zero puis à partir de l’année net-zero :

• Objectifs de suppression obligatoires
• Objectifs de suppression optionnels avec reconnaissance
• Flexibilité via réductions ou suppressions

La gestion des émissions résiduelles est donc beaucoup plus détaillée et nuancée que dans le standard actuel.

Incitation à l'atténuation au-delà de la chaîne de valeur, via la BVCM

La version actuelle du Net Zero Standard recommande seulement l'utilisation de la BVCM (Beyond Value Chain Mitigation, qui représente l'ensemble des engagements et investissements d'une entreprise pour réduire ses émissions en dehors de son périmètre direct).

La version 2.0 vise à inciter beaucoup plus fortement les entreprises à cela.

Le nouveau Net Zero entend reconnaître les entreprises qui non seulement fixent des objectifs scientifiques de réduction des émissions dans leurs opérations et leur chaîne de valeur, mais qui prennent également la responsabilité de traiter l'impact des émissions résiduelles rejetées dans l'atmosphère pendant leur transformation net-zéro via ce mécanisme.

Introduction d'un cadre lié aux revendications Net Zero

La création d'un chapitre spécifique sur les revendications est une autre nouveauté importante du Net Zero Standard. Ce chapitre fournit des directives générales sur la manière de formuler des revendications exactes et vérifiables concernant la fixation d'objectifs scientifiques et la validation par SBTi. Il clarifie aussi ce que les entreprises peuvent revendiquer aux différentes étapes du processus.

Obligation de déterminer l'applicabilité des critères sectoriels 

Le nouveau Net Zero Standard demande à ce que les entreprises déterminent l'applicabilité des exigences sectorielles de SBTi vis à vis de leur(s) secteur(s) d’activité.

Cela formalise un aspect de la méthode SBTi qui était moins explicite auparavant, quant aux  choix de l'application de cette sectorisation ou non.

Changements majeurs sur le Scope 3

Changement majeur dans la nouvelle version du standard : la gestion et le périmètre du scope 3. 

Au lieu d'utiliser une limite minimale fixe (67% pour le court terme ; 90% pour le long terme), le standard encourage explicitement les entreprises à prioriser les actions sur les sources d'émissions les plus pertinentes de leur chaîne de valeur. 

Une plus grande mise en avant des métriques et objectifs non liés aux émissions est faite, tels que la part des achats auprès d'entités alignées sur les objectifs climatiques par exemple. 

Ce passage d'une couverture en pourcentage fixe à une approche axée sur l'identification et la priorisation des sources d'émissions les plus pertinentes est un changement de philosophie important. Plus pragmatique, il permet une action plus ciblée et potentiellement plus efficace sur les émissions les plus importantes, mais avec une couverture potentiellement plus faible de l'ensemble des émissions d'une entreprise.

‍

Notre avis sur la revue du Net Zero Standard 

Un Net Zero Standard plus complet 

Avec cette proposition d’évolution, SBTi propose d’adapter son référentiel pour coller au besoin des entreprises les plus matures sur les thématiques carbone et climat.

Point positif : l’accent est plus mis sur l’impact réel des stratégies bas-carbone que sur la seule définition d’un objectif et d’une trajectoire de long terme. Ainsi, SBTi se propose de mieux prendre en compte la démarche d’amélioration continue des entreprises et la mise en place d’actions réellement efficaces. De même, l'engagement public des entreprises et leurs revendications sont plus étudiés.

‍

SBTi moins engageant sur certains points

Cependant cette nouvelle version de la méthodologie SBTi est aussi moins engageante pour les entreprises sur certains points, comme le périmètre d'application sur le scope 3 ou les objectifs sur le scope 2. Or ces éléments sont importants pour avoir une réduction des émissions GES sur l'ensemble de la chaîne de valeur de l'entreprise.

‍

Pour échanger sur SBTi et voir comment mettre en place une trajectoire bas carbone ambitieuse avec Toovalu, contactez-nous.

‍