Allégements majeurs et nouvelles règles pour un reporting CSRD recentré.

L'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) a publié le 3 décembre 2025 son avis technique sur les ESRS simplifiés (« Set 2 »). Son projet est désormais entre les mains de la Commission européenne, qui doit adopter l'acte délégué révisant officiellement les douze ESRS actuels (« Set 1 ») d'ici juin 2026.
Avec ce « Set 2 », l'objectif affiché par Chiara Del Prete, présidente du Sustainability Reporting Technical Expert Group (SR TEG) de l'EFRAG est de permettre aux entreprises de communiquer sur leur façon de piloter leur durabilité plutôt que de s'inscrire dans une démarche de conformité. Un changement de cap visant à rendre l’exercice de reporting CSRD plus flexible, plus court et plus stratégique. L’EFRAG aurait pris bonne note des retours d’expérience des entreprises ayant publié leurs premiers rapports de durabilité en 2025 (la vague 1) ainsi que des nombreux avis obtenus à la suite de la consultation publique ouverte durant l’été sur son projet de révision des standards ESRS.
La simplification affichée par l’EFRAG se traduit par une baisse de 61 % des points de données (« data points ») obligatoires figurant dans les ESRS « Set 1 ». Quant aux points de données volontaires (« may disclose »), ils disparaîtront des ESRS « Set 2 » afin d’être désormais regroupés dans un document d'orientation non contraignant (NMIG - Non-Mandatory Illustrative Guidance).
Le groupe consultatif a mis en place cette architecture à deux niveaux afin de permettre aux entreprises de se concentrer sur l'essentiel tout en offrant, à ceux qui le souhaitent, la possibilité d’avoir accès à des illustrations regroupées au sein du document « NMIG ».
Les entreprises peuvent désormais structurer leur rapport de durabilité de la manière suivante :
Cette option répond aux critiques sur la longueur excessive et la difficulté de lecture des premiers rapports CSRD.
L'EFRAG abaisse le degré d'analyse requis au sujet de l'évaluation de double matérialité. C’est le principe central qui doit guider la rédaction du rapport de durabilité.
Une des ruptures majeures du projet de l’EFRAG réside dans les données à faire remonter au sujet de la chaîne de valeur de l’entreprise. Des données estimées peuvent être présentées au même titre que celles directement collectées auprès des acteurs de la chaîne de valeur. Cette flexibilité méthodologique répond aux difficultés pratiques rencontrées par les entreprises, particulièrement sur le Scope 3 des émissions de GES ou les données sociales sur les travailleurs de la chaîne de valeur.
Le principe de « présentation fidèle » (« fair presentation ») devient le fil conducteur de la rédaction du rapport. Les entreprises doivent rechercher un juste équilibre entre exhaustivité et lisibilité de leur rapport. Cette approche, inspirée du reporting financier IFRS, introduit une dose de flexibilité supplémentaire pour les sociétés déclarantes qui peuvent ainsi choisir de ne pas tout déclarer. « Une granularité excessive nuit à une présentation fidèle du rapport », illustre notamment Patrick de Cambourg, président du Sustainability Reporting Board (SRB) de l'EFRAG.
La structure des standards est profondément remaniée :
Point important : les données sur les effets financiers anticipés ne seront pas à présenter avant 2030 au plus tôt. Ce moratoire reconnaît le manque de maturité méthodologique et les enjeux de sensibilité liés à ces informations prospectives. Attention toutefois, si les effets financiers se matérialisent avant 2030, il conviendra de les mentionner dans son rapport.
L’EFRAG a adressé son avis technique à la Commission européenne (« Set 2 »). L’exécutif européen va désormais consulter les Etats membres ainsi que plusieurs comités techniques (procédure de comitologie) pour rédiger son acte délégué. La Commission pourrait ainsi décider de modifier certains éléments des standards simplifiés proposés par l’EFRAG. Elle se fixe pour objectif de présenter l’acte délégué révisant officiellement les ESRS (« Set 1 ») d’ici la fin juin 2026, à la suite de l’adoption du texte omnibus.
Le « Set 2 » des ESRS s'appliquera aux rapports de durabilité 2028 (exercice financier 2027), avec une application volontaire ouverte dès les rapports 2027 (exercice financier 2026).
À noter : l'EFRAG prévoit de publier une version révisée de son fichier Excel listant l'ensemble des points de données du « Set 2 » au premier trimestre 2026, offrant aux entreprises un outil de pilotage actualisé.
1. Cartographier l'écart entre vos processus actuels (« Set 1 ») et les exigences du « Set 2 » dès la publication du fichier Excel de l’EFRAG au T1 2026.
2. Tester l'executive summary : structurez vos prochains rapports à l’aide d’une synthèse stratégique en début de document et évaluez les data points pouvant migrer en annexe.
3. Réviser votre analyse de double matérialité : utiliser l’approche top-down, partant de votre stratégie, pour réévaluer vos IRO ou sujets matériels. Adopter la boussole de la matérialité de l’information pour affiner les données essentielles à effectivement présenter dans votre rapport de durabilité.
4. Renforcer vos capacités d'estimation pour les données sur votre chaîne de valeur, en documentant vos méthodologies pour l'audit.
5. Anticiper l'application volontaire 2027 si votre organisation est mature : cela vous donnera un avantage compétitif en termes d'expérience et de benchmark.