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Etudes, l'avis des entreprises sur la CSRD et la durabilité

Décryptage de deux études sur la durabilité des entreprises par Sophie Bridier

Etudes, l'avis des entreprises sur la CSRD et la durabilité

Cette semaine, Sophie Bridier a analysé pour vous les résultats de deux études sur le thème de la durabilité. La première du collectif We are Europe, de l'école HEC de Paris et du Sustainability & Organizations Institue qui mesure la satisfaction des entreprises sur la CSRD. La seconde, de l'institut de recherche Capgemini, est un sondage sur la volonté des grandes entreprises d'intégrer la durabilité au cœur de leur stratégie. Décryptage.

Près des deux tiers des entreprises européennes soutiennent la directive CSRD

Selon une étude du collectif We Are Europe, de l’école de commerce HEC Paris et du Sustainability & Organizations Institue, 61 % des entreprises européennes concernées par le reporting de durabilité se déclarent satisfaites ou très satisfaites de la CSRD.

Durant les mois de mars et d’avril une étude* - a été menée en ligne et a permis de recueillir 1 062 réponses de représentants d’entreprises concernées par la directive CSRD issues de 26 pays européens, couvrant divers secteurs et tailles d’organisation. On y apprend que près des deux tiers des entreprises concernées par la CSRD la défendent. Seules 7 % estiment qu’elle nécessite d’être fondamentalement révisée. 

Défavorables au paquet Omnibus

Au contraire, la majorité des répondants (51 %) se déclarent insatisfaits des propositions législatives Omnibus. Notamment ceux qui sont opposés à la CSRD : « parmi ceux qui n'étaient pas satisfaits de la CSRD, seuls 39 % sont satisfaits de l'Omnibus », révèle l’étude. Concernant le relèvement du seuil - à 1000 salariés - à partir duquel une société serait concernée par la production obligation d’un rapport de durabilité, seuls 27 % des répondants y sont favorables.

Le reporting de durabilité, un levier stratégique 

89 % des répondants considèrent que la CSRD « renforce la stratégie ESG, l'évaluation des risques et la gestion de l'impact des entreprises ». C’est donc un outil au service de la stratégie de durabilité des sociétés européennes. Au-delà, plus de 60 % des personnes interrogées estiment même qu’elle contribue positivement à la souveraineté et à l’influence de l’Europe sur la scène mondiale. 

Des points à revoir 

Malgré le soutien apporté au texte de la CSRD, les entreprises identifient plusieurs obstacles à sa mise en œuvre effective :

  • le manque de lignes directrices pour faciliter le reporting (selon 69 % des répondants) ;
  • le défaut de proportionnalité du cadre légal pour les plus petites entreprises (à 63%) ;
  • le caractère long et coûteux du reporting (à 63%) ;
  • les obligations d’audit jugées trop rigoureuses et prématurées (à 53%) ;
  • l’information à délivrer (points données) sur la chaîne de valeur (52 %).

L’évaluation de la double matérialité reste également un défi selon un quart des répondants.

ESRS

Concernant les ESRS, les modifications suivantes sont soutenues par les personnes ayant répondu à l’enquête :

  • la réduction des exigences de publication narratives (pour 85%) ;
  • celle du nombre d’indicateurs obligatoires (pour 82%) ;
  • celle du nombre de points de données quantitatifs (pour 63%).

Y’aura-t-il un acte délégué dans les prochains mois pour simplifier les ESRS ? « Nous prévoyons l’adoption d’un acte délégué rapidement pour la vague une des entreprises soumises à la CSRD afin qu’elles n’aient pas à reporter des informations additionnelles l’année prochaine", précisait Thomas Dodd, de la DG Fisma de la Commission européenne, lors d’une audition en commission au Parlement européen le 13 mai dernier.

* « 2025 post-Omnibus CSRD Business Survey », enquête de We Are Europe, HEC Paris et Sustainability & Organizations Institue, mars 2025 

Une large majorité des grandes entreprises toujours sur la voie de la durabilité

Selon une étude du Capgemini Research Institute, datée de mars 2025*, la durabilité demeure stratégique pour les entreprises situées en Amérique du Nord, en Europe et en Asie-Pacifique. Face aux enjeux climatiques, à la raréfaction des ressources et à l’évolution des attentes des consommateurs, développer une stratégie durable est un moteur essentiel de création de chiffre d’affaires, d’innovation et de compétitivité à long terme. Pour preuve, entre 80 % et 100 % des grandes entreprises mondiales (qui réalisent plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires) prévoient d’augmenter leurs investissements en la matière en 2025 et 2026.

La durabilité : faire davantage de ventes et être plus innovants

La croissance des ventes est le principal moteur des investissements en durabilité : 82 % des cadres supérieurs ayant répondu à l’enquête du Capgemini Research Institute décident d’investir en la matière pour stimuler leur chiffre d’affaires. Opter pour un design durable permet, par exemple, de favoriser la création de nouveaux produits : en 2025, 59 % des organisations ont ainsi développé de nouveaux biens via cette approche, contre seulement 22 % en 2022. Et près de 50 % des cadres estiment être en capacité d’attribuer directement une proportion de l’augmentation du chiffre d’affaires de leur société aux initiatives durables.

Autre chiffre marquant, pour 69 % des cadres interrogés, la mise en place d’une stratégie de durabilité leur a permis d’accélérer l’innovation de leur entreprise. 

Stratégie ESG : faire des économies et saisir des opportunités

Les initiatives durables permettent aussi aux entreprises de réaliser des économies. Les cadres supérieurs ayant répondu à l’enquête déclarent avoir réduit les coûts (annuels) liés : 

  • aux déchets (-20 %), 
  • à la consommation d’énergie (-17 %), 
  • à l’eau, 
  • aux transports et à la chaîne d’approvisionnement (-14 % chacun), 
  • ainsi qu’aux matières premières (-8 %). 

Et, la majorité des organisations n’ont exploité qu’une faible partie de ce potentiel, 95 % d’entre-elles estimant avoir réalisé seulement 26 % des économies envisagées. La baisse de la consommation en eau et l’optimisation des chaînes d’approvisionnement sont identifiées comme des opportunités majeures. Plus de 70 % des entreprises dans certains secteurs (retail, aérospatial, finance, énergie notamment) anticipant des économies supérieures à 20 % dans ces domaines dans les 3 prochaines années.

Réduire des risques 

Le non-respect des exigences en matière de durabilité engendre des risques importants : plus d’un quart des organisations déclarent avoir rencontré des défis réglementaires (amendes, perte de permis, restrictions commerciales), tandis que 44 % ont subi des dommages réputationnels liés à leur absence de conformité en matière de durabilité. 

Sans surprise, les initiatives durables renforcent l’intérêt des investisseurs (selon 81% des répondants), la réputation de la marque (76%), l’attractivité et la fidélité des clients (68%) et l’engagement des employés (71%), contribuant ainsi à une meilleure création de valeur globale.

* « Sustainability – A driver for business value creation », Capgemini Research Institute, mars 2025, étude menée auprès de 1001 cadres supérieurs issus d’organisations réalisant un chiffre d'affaires de plus d’un milliard de dollars dans 13 pays du globe (Amérique du Nord, Europe et Asie-Pacifique) et 12 secteurs d'activité.

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