Bilan carbone : pourquoi faut-il soutenir sa chaîne de valeur ?

Agir collectivement pour accélérer la décarbonation des chaînes de valeur

Bilan carbone : pourquoi faut-il soutenir sa chaîne de valeur ?

Aider ses fournisseurs à réaliser leurs bilans carbone est un moyen de travailler sur les émissions de CO2 de son scope 3 et d’embarquer sa filière dans une démarche bas-carbone.

Pour réaliser son bilan carbone, mieux vaut ne pas rester seul dans son coin. « Le bilan carbone des uns alimente celui des autres », constate Caroline Bordeaux, responsable du pôle expertise climat & RSE de Toovalu en ouverture d’une table ronde, réalisée le 8 octobre 2025 à Produrable et intitulée « Comment transformer sa chaîne de valeur en levier de décarbonation collective ? ». Du point de vue des donneurs d’ordre, aider ses fournisseurs à réaliser leur propre bilan carbone permet d’aboutir à une évaluation plus complète sur l’ensemble de son scope 3. Leur tendre la main constitue la garantie d’obtenir davantage de données et de les fiabiliser. Ce choix a été opéré par Inoha, Coopérative U et la FFTH Council Europe à l’aide de Toovalu. Témoignages de trois cadres RSE ayant mis en place une démarche collective.

Jean-Michel Guillou, responsable du pôle environnement au sein de Coopérative U

90 % de l’impact carbone de Coopérative U - qui compte autour de 1800 magasins U - est lié aux produits vendus par l’enseigne et donc à son scope 3. Le groupe s’est fixé un objectif de diminution de 25 à 30 % de son empreinte carbone sur ce scope 3 à l’horizon 2030. Pour y parvenir, un travail avec ses fournisseurs (le groupe en comptabilise 350) a donc été mené, certains craignant même de voir leurs produits déréférencés.

Évaluer le niveau de ses fournisseurs sur le bilan carbone

Une évaluation du niveau de maturité des fournisseurs a tout d’abord été réalisée. Coopérative U leur a adressé un questionnaire afin de mesurer le besoin d’accompagnement collectif. Le groupe a notamment reçu l’aide de deux fédérations, la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) et Perifem (fédération des acteurs de la distribution), en la matière. Les fournisseurs les plus matures n’ont pas eu besoin d’un accompagnement de la part de Coopérative U. Mais le groupe s’est « appuyé sur eux pour monter en compétence » ou pour définir ses plans d’actions afin de réduire son empreinte carbone.

Accompagner collectivement les fournisseurs les moins matures

Les fournisseurs les moins matures, eux, ont été accompagnés par Coopérative U. D’abord à l’aide d’un webinaire leur présentant les étapes clés d’une démarche bas carbone. Ensuite, Coopérative U a proposé à un « pool » de fournisseurs de se lancer dans une démarche collective de décarbonation, avec le financement de la BPI. Ainsi, des promotions regroupant les représentants de 8 magasins ont été montées. Deux ont été organisées à ce jour.

Des premiers résultats de décarbonation encourageants

A l’issue du parcours, les fournisseurs témoignent de leur « envie d’avancer » et de « démarrer leur bilan carbone ». « Nous allons essayer de faire voiture-balai et d’en embarquer d’autres », précise Jean-Michel Guillou. Certains, plus matures, ont saisi l’opportunité pour afficher tous les efforts réalisés sur leur bilan carbone.

Delphine De Labarrière, responsable RSE d’Inoha (les industriels du nouvel habitat)

Inoha est une association professionnelle qui compte 250 adhérents - des fabricants de produits de bricolage, de jardin et de construction, dont de nombreuses PME -. Depuis près de 4 ans, l’association les accompagne sur la RSE et notamment sur la décarbonation de leurs activités. Le sujet est porté par le conseil d’administration de l’association.

Des « promos » de fournisseurs pour réaliser un bilan carbone collectif

Quatre promotions d’entreprises ont été organisées pour œuvrer à la réalisation d’un bilan carbone collectif. 23 adhérents ont ainsi bénéficié de ce programme et 5 d’entre eux ont déterminé leur stratégie bas-carbone à l’issue de ce travail en commun.

Des temps d’échange en commun

Plusieurs moments d’échange collectifs ont donc été organisés par Inoha. Ce qui a permis de « rassurer l’ensemble des participants » et d’aller beaucoup plus vite. Résultat, les bilans carbone ont pu être réalisés en seulement 4 mois. Certains adhérents en sont même à leur second exercice. Ils restent libres d’utiliser les outils mis en avant lors des sessions collectives. Pour les plus enthousiastes, Inoha les oriente ensuite vers la réalisation d’une stratégie bas carbone en reprenant la méthode Act Pas à Pas de l’Ademe.

« Un effet boule de neige » sur les bilans carbone des uns et des autres

« Sans cet aspect collectif, nous n’aurions pas embarqué autant d’entreprises ». Il y a « un effet boule de neige », assure Delphine De Labarrière. Et Inoha « fait témoigner les entreprises ayant participé au programme » afin d’inciter les autres à le suivre.

Xavier Renard, directeur marketing & membre du conseil d’administration de FTTH Council Europe

L’association FFTH Council Europe regroupe les acteurs du développement de la fibre en Europe : des fabricants, des industriels, des opérateurs télécoms, des investisseurs, d’autres associations et des bureaux d’études.

Proposer une plateforme d’échange collective

Pour réaliser leurs bilans carbone, « nos fournisseurs ne savaient pas par où commencer et n’avaient pas les ressources » suffisantes, décrit Xavier Renard. FTTH a donc mis en place une plateforme participative ouverte à ses membres ainsi qu’à d’autres entités. « L’association joue le jeu de tiers de confiance », décrit Xavier Renard. 20 % des membres y adhèrent déjà. La plateforme permet de :

  • sensibiliser sur le thème du bilan carbone ;
  • partager des informations entre pairs ;
  • constituer une base de données carbone sectorielle (avec des échanges sur des niveaux minimum et maximum d’émissions de C02 pour éviter de partager des données sensibles entre concurrents) ;
  • créer un observatoire.

Créer une académie du bilan carbone

Une académie collective du bilan carbone a également été mise en place par la FTTH afin de proposer des « carbone days ». Ainsi des bilans carbone personnalisés ont pu être proposés à ses membres à l’aide d’outils déployés par l’association. « Nous accompagnons nos membres en fonction de ce qu’ils sont capables de faire à un instant T », précise Xavier Renard. Résultat des courses : 63 % des adhérents de la FTTH sont engagés dans le calcul de leur bilan carbone.  

En conclusion, quel est l’intérêt d’opter pour une approche collective de décarbonation ?

  1. Donner des moyens : les demandes d’informations portant sur le bilan carbone s’adressent souvent à des entreprises de petites tailles qui manquent de ressources (moyens humains, temps, compétences) ;
  2. Affiner les mesures des émissions de CO2 et harmoniser les méthodes ;
  3. Co-construire des plans de transition bas-carbone cohérents ;
  4. Accélérer la décarbonation de toute une filière ; Valoriser son engagement auprès des grands donneurs d’ordres d’un secteur.

Ecran de l'outil sur la partie bilan carbone avec des graphiques

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