Bilan carbone du futur : et si on se lançait dans une démarche pour éviter des émissions de CO2 ?

Anticiper ses émissions pour agir avant d’émettre du CO₂

Bilan carbone du futur : et si on se lançait dans une démarche pour éviter des émissions de CO2 ?

Pour gagner en efficacité, un bilan carbone peut être repensé en privilégiant une approche prévisionnelle.

Et si on se téléportait dans le futur avant de revenir au présent ? Le bilan carbone peut être pensé autrement. En faisant un pas de côté, et en envisageant dès maintenant les émissions carbone potentiellement réalisées à terme, il est possible d’anticiper et d’émettre moins de CO2 à l’aide de stratégies de réduction adaptées. Ainsi on obtient de meilleurs résultats. Toovalu et Carbone 4 travaillent sur ce bilan carbone d’un nouveau genre. Ils l’ont expérimenté en prenant pour sujet la course du Vendée globe. Ensemble, ils ont expliqué la démarche lors du salon Produrable qui s’est tenu au Palais des congrès le 9 octobre 2025.

C’est quoi un bilan carbone du futur ?

Bilan carbone ex-post

Le bilan carbone du futur consiste à préparer son « budget prévisionnel » sur plusieurs années plutôt que de s’inscrire dans un bilan comptable, présente Nicolas Desmoitier, directeur général et de la R&D de Toovalu, également docteur en stratégie bas-carbone. Traditionnellement, faire son bilan carbone revient à comptabiliser ses émissions passées puis à définir une stratégie pour les compenser. Il est ainsi réalisé ex-post.  

Bilan carbone ex-ante

Le bilan carbone du futur implique une autre démarche. Il faut projeter ses émissions de CO2 dans le futur à partir de ses données historiques, puis définir des objectifs afin de les éviter ou de les réduire et ainsi suivre un scénario cible. Il est également nécessaire de comptabiliser, tout au long de la démarche, les émissions effectivement réalisées pour les rapprocher de son scénario cible et ajuster son plan d’action de façon dynamique. On pilote alors son bilan carbone qui est réalisé ex-ante.

Une méthodologie du bilan carbone du futur à définir

Il n’existe toutefois pas, à ce jour, de méthodologie reconnue sur le bilan carbone du futur. C’est l’une des raisons pour laquelle Toovalu et Carbone 4 ont souhaité se lancer. Leur volonté est d’« orienter la démarche de comptabilité carbone vers la projection, le pilotage des émissions et l’action ».

Pourquoi se lancer dans une approche prévisionnelle de ses émissions de CO2 ?

Être sobre dès la conception

En optant pour une démarche futuriste, « la sobriété est intégrée dès la conception », mentionne Hélène Chauviré, sénior manager, responsable du pôle atténuation et co-responsable de l’antenne grand-ouest de Carbone 4. Car on émet des choix, notamment technologiques ou géographiques, qui permettent d’éviter ou de réduire ses émissions.

Prendre des décisions stratégiques pour l’entreprise

Hélène Chauviré conseille donc d’intégrer cette démarche à la prise de décision stratégique des entreprises. On peut, par exemple, définir des objectifs carbone à côté d’objectifs budgétaires classiques (on travaille alors sur les émissions liées à un objectif de croissance en valeur ou en volume). Il est aussi possible d’allouer des budgets carbone par business units, par site et de les suivre comme un budget financier…

Définir ses décisions à la lorgnette de l’impact carbone

Les décisions d’investissements, d’acquisitions de nouvelles structures, de développements technologiques, telles que le recours à l’IA, peuvent aussi être analysées au regard de leur bilan carbone, suggère Hélène Chauviré. Le portefeuille produit d’une société se teinte aussi en fonction d’une note carbone. « On peut planifier la sortie de son portefeuille de produits bruns, très carbonés et faiblement rentables ». Au contraire, d’autres produits, « dynamiques d’un point de vue commercial », peuvent nécessiter d’être « verdis ». Recourir au bilan carbone du futur « est donc une aide à la décision des dirigeants », résume Hélène Chauviré.

Un bilan carbone du futur réalisé pour le Vendée globe

Analyser les émissions de CO2 potentielles

La mythique course nautique du Vendée globe se déroule tous les 4 ans. En amont, une réflexion a donc été menée pour réduire son impact carbone. Dans un premier temps, il a fallu déterminer les causes principales des émissions de CO2 en intégrant le scope 3. « Nous nous sommes rendu compte que les deux tiers de l’impact carbone provenaient des visiteurs » qui assistent au départ de la course et se rendent sur le « village responsable » du Vendée globe (mis en place pendant une semaine), explique Yannick Bersot, le directeur de la communication de l'événement. Les émissions surviennent également de la construction des bateaux de course, de la restauration, de l’hébergement des visiteurs et des staffs. « Nous avions donc la main sur 10% » de l’impact et « il fallait se lancer », résume-t-il. D’autant plus qu’un bilan carbone du futur avait été réalisé pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Une méthodologie propre au Vendée globe a donc été définie avec l’aide de Carbone 4 et de Toovalu, susceptible de bénéficier à d’autres acteurs du secteur.

Travailler à réduire les émissions avant qu’elles n’interviennent

Afin de baisser les émissions liées au « village responsable », la distribution de goodies a tout simplement été interdite par le Vendée globe aux exposants et aux partenaires. « Un vrai parti pris », revendique Yannick Bersot. D’autres travaux ont aussi été menés en amont de l’évènement - 3 ans avant celui-ci - avec les acteurs publics et privés, notamment ceux du tourisme. Ainsi, il a été décidé d’accorder en priorité des places de parking aux visiteurs pratiquant le co-voiturage ou se rendant à vélo à l’évènement. La gratuité des transports locaux a été mise en place. La région a également offert des tickets de TER à 5 euros et la SNCF a mis à disposition plus de trains qu’à l’accoutumée. Le poste des émissions liées aux transports a ainsi été sensiblement réduit par de l’anticipation. Et l’évènement a martelé le message suivant : « Ne venez pas aux sables alone !», résume Yannick Bersot.

Œuvrer en faveur de la lutte contre le changement climatique

Le Vendée globe a aussi financé un fonds de dotation pour permettre d’équiper les bateaux de course de capteurs. Un moyen de contribuer à la remontée de données scientifiques, notamment météo, sur la pression atmosphérique, qui intéressent ceux qui étudient au quotidien le changement climatique.

Pour récapituler, quels sont les avantages de la démarche ?

  1. Transformer la comptabilité carbone en moteur d’action collective.
  2. Faire évoluer les pratiques de ses fournisseurs et de ses prestataires : de la mesure à la co-construction de solutions.
  3. Mettre en place un outil au service de la stratégie des entreprises et de la prospective climatique.
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